<< page précédente page suivante >>

 

 

 

Vendredi 23 Août 1940

Voilà plusieurs jours que je n’ai rien inscrit mais il n’y a rien à écrire et de plus nous travaillons une heure plus tard le soir et quand je rentre il ne me reste pas grand temps.

J’écrirai le matin maintenant.

Chaque jour je m’ennuie de plus en plus. Je suis toujours sans nouvelles de ma femme et pourtant j’ai hâte de savoir ce qu’elle devient. Quand un des quatre de la région de Caen qui sont ici recevra une lettre, je serais plus tranquille. Je pourrai être certain que ma famille est prévenue.


 

 

 

Dimanche 25 Août 1940
14ème

Rien d’extraordinaire aujourd’hui. J’ai passé tout l’après-midi à laver, à coudre et à réparer mes chaussures.

Nous avons bavardé sur le pays et ce soir nous avons fait un petit concert où nous avons chanté chacun notre chanson. C’est la première soirée que je passe aussi bien depuis ma captivité.

On oubli un peu nos misères pendant ce temps-là. Encore une pensée à ma femme et au lit.

 

Samedi 24 Août 1940

Depuis quelques jours, il fait grand froid, et sous le vent et la pluie qui n’arrêtent pas, nous devrons travailler tout de même.

Nous sommes dehors toute la journée. J’ai été transi du matin au soir. Je suis mal fichu et avec cela j’ai un cafard fou.

J’en ai marre d’être sans nouvelles. De ne pas savoir ce que deviendront ma femme, mon fils, ma mère. Sont-ils prévenus seulement ? Depuis plus de trois mois que je suis ici. Elles doivent me croire mort.